Allaiter et travailler, c'est possible !
- Amélie Henninger
- 15 oct. 2023
- 5 min de lecture
Aujourd'hui s'achève la Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel, créée en 1992 par l'Alliance Mondiale pour l'Allaitement Maternel (Word Alliance for Breastfeeding Action, WABA). Cette année, son thème est "Concilier allaitement et travail : agir en faveur des parents", et c'est également le sujet de ma conférence lors de la Grande Tétée à Eschau (67).

La reprise du travail : un frein pour l'allaitement ?
Si l'allaitement maternel exclusif est recommandé par l'OMS jusqu'à 6 mois, la situation en France en est bien loin avec une durée prédominante de 7 semaines d'allaitement, selon l'étude longitudinale Elfe réalisée en 2011.
Parmi les quelques facteurs qui réduisent la durée de l'allaitement (âge, niveau d'études et situation familiale de la mère), on retrouve la reprise du travail dans les 10 semaines qui suivent la naissance de l'enfant. Et pour cause : pour de nombreuses mères, il semble impossible de concilier l'allaitement avec un travail salarié. Celles-ci ont alors tendance à entamer un sevrage avant la fin de leur congé maternité pour "habituer" leur bébé. En réalité, il est possible de concilier allaitement et reprise du travail malgré les idées reçues.
Le code du travail du côté des mères allaitantes
En France, le code du travail permet des dispositions particulières pour les mères allaitantes sur leur lieu de travail.
L'article L1225-30 permet aux salariées allaitant leurs enfants de disposer d'une heure par jour sur leur temps de travail, jusqu'au premier anniversaire de l'enfant. À défaut de meilleur accord, cette heure sera divisée en deux fois trente minutes réparties sur chaque demi-journée de travail. Celles-ci ne sont pas rémunérées (sauf dispositions conventionnelles contraires) et sont réduites à deux pauses de vingt minutes chacune si l'entreprise met un local dédié à la disposition de ses salariées allaitantes. La pièce destinée à l'allaitement doit être séparé de tout local de travail, avoir un point d’eau à proximité, être propre, pourvu de sièges convenant à l’allaitement, et correctement chauffée.
L'article L1225-31 permet aux salariées d'allaiter leurs enfants sur le lieu de travail.
L'article L1225-32 permet la mise en demeure d'un employeur de plus de cent salariés d'installer dans ses locaux ou à proximité un local dédié à l'allaitement maternel.
Afin de permettre une reprise du travail plus sereine et de mettre de côté les questionnements par rapport à l'organisation de l'allaitement dans votre entreprise, je vous recommande d'en parler le plus tôt possible avec votre employeur. Les demandes étant de plus en plus fréquentes, les employeurs ont souvent l'habitude de ce genre de besoins et les accueillent de façon positive.

L'organisation sur le lieu de travail pour les mères allaitantes
Pour que la lactation se maintienne, il est important de continuer la stimulation en l'absence de bébé. L'utilisation du tire-lait et d'un bustier permettra d'exprimer son lait tout en gardant les mains disponibles pour d'autres occupations. On l'a vu plus haut, le code du travail prévoir une pause dédiée à l'allaitement en milieu de chaque demi-journée de travail. Si le matériel est prêt à être utilisé, la session d'expression du lait pourra être plus longue et permettre une stimulation efficace sur chacune de ses pauses. À ces deux cessions peut s'en ajouter une sur la pause méridienne afin d'avoir une stimulation suffisante sur la journée de travail, et l'allaitement au sein à volonté, en la présence de bébé, permettra de poursuivre l'allaitement avec une lactation suffisante dans la majorité des cas. Si vous rencontrez des difficultés à maintenir votre lactation, ce n'est pas une fatalité. L'aide d'une professionnelle de l'allaitement peut vous être utile pour surmonter cet obstacle.

Choisir un tire-lait adapté
Lors de la reprise du travail, votre tire-lait peut rapidement devenir votre meilleur ami. Il permettra de stimuler votre lactation en l'absence de bébé pour maintenir une lactation suffisamment abondante, et fournir du lait maternel à votre bébé en votre absence, mais aussi pour poursuivre l'allaitement et ne pas tomber dans le cercle vicieux du manque de lait.
Il est donc indispensable de choisir un tire-lait adapté à vos besoins.
Un tire-lait double-pompage : pour exprimer votre lait sur votre lieu de travail, il sera intéressant d'avoir une stimulation sur les deux seins en même temps afin de gagner du temps et d'exprimer plus de lait.
Un tire-lait électrique : celui-ci vous permettra d'exprimer votre lait sans effort. Aucun risque de vous retrouver avec des crampes aux mains à force de pomper. Vous pouvez louer votre tire-lait électrique en pharmacie ou dans une entreprise de location de tire-lait (Grandir Nature ou Tire-lait Express par exemple) sur ordonnance. Les entreprises de location de tire-lait sont généralement de très bons conseils pour le choix de votre tire-lait selon vos besoins (puissance, encombrement, alimentation par piles ou sur secteur...).
Une taille de téterelles adaptée : la taille des téterelles a une importance capitale. Trop grandes ou trop petites, elles peuvent vous blesser en créant par exemple des crevasses, et influencer négativement la quantité de lait exprimée.

Calculer la quantité de lait maternel nécessaire
Difficile de savoir la quantité dont bébé aura besoin pendant notre absence. Chaque bébé est différent et rien ne vaut l'expérience pour connaître la quantité dont votre bébé aura réellement besoin. Toutefois, la règle d'Appert permet d'avoir une idée de la quantité de lait que boit un bébé non diversifié sur 24 heures :
Poids du nourrisson en gramme / 10 + 250
Il suffira alors de diviser la quantité totale par le nombre de tétées que prend votre bébé en 24 heures et vous aurez la quantité approximative de lait à laisser sur le lieu du mode de garde pour chaque tétée en votre absence. Lorsque vous retrouvez votre bébé, offrez-lui le sein à la demande.
Pour un bébé diversifié, on comptera environ 600 ml par 24 heures jusqu'à 12 mois, et 500 ml par 24 heures après 12 mois.

La conservation du lait maternel
Lorsqu'arrive la fin du congé maternité, les mères allaitantes commencent généralement à faire un stock de lait maternel au congélateur. Si ce stock peut rassurer, les femmes utilisent généralement plutôt le lait tiré la veille et fonctionnent en flux tendu. Il n'est donc pas nécessaire de concevoir un stock important de lait maternel. Quant à la durée de conservation du lait maternel, les dernières recherches indiquent que l'on peut le conserver :
à température ambiante (19 à 22°C) pendant 4 à 6 heures (maximum 8 heures)
dans une glacière (15°C), pendant 24 heures,
au réfrigérateur (0 à 4°C), jusqu'à 8 jours,
dans le freezer (-6 à -12°C) pendant deux semaines,
dans un congélateur combiné au réfrigérateur, pendant trois à quatre mois,
dans un congélateur séparé (-18°C), pendant plus de six mois.
Ces durées de conservation ne sont pas cumulables et sont valables pour du lait maternel conservé dans des conditions d'hygiène optimales, pour un bébé né à terme en bonne santé et pour un usage domestique.
Besoin d'aide ou de conseils personnalisés ?
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